Kaboom, Gregg Araki, 2009.
le jeune étudiant Smith et sa meilleure amie Stella jouissent sur le campus d'une vie simple alimentée par le sexe sans étiquette : Stella sort avec l'envoutante Lorelei et Smith couche avec la pimpante London tout en fantasmant sur son surfeur de colocataire, Thor. Mais Smith est préoccupé par des rêves étranges. Lorsqu'un soir, sous l'effet de la drogue, il voit la rousse mystérieuse de ses rêves se faire sauvagement assassiner par plusieurs hommes dissimulés derrière des masques d'animaux, il se rend compte alors qu'il est confronté à des évènements dépassant l'entendement, et qui pourraient à jamais bouleverser le monde, évènements dont il est la pièce maitresse...
Gregg Araki est un de ces réalisateurs à la patte particulière et reconnaissable entre mille, que ce soit dans la forme ou dans le fond. sa dernière folie, Kaboom, est parfaitement représentative de son style. Autant le dire d'emblée, soit on adhère, soit on fuit. Vous devinerez que dans mon cas, ce fut plutôt une réussite. Araki arrive à représenter toute une adolescence comme aucun autre n'y arrive : Des jeunes paumés mais rêveurs dans un monde en perdition, vivant de ce qui est considéré comme immoral par les générations bien-pensantes antérieures, sexe à foison, drogues et Rock'n'roll. Mais même si ils s'apparentent à nombre de clichés, ils sont loin d'être des bêtes de foire décérébrées comme les films de ce genre ont l'habitude de le montrer.
Un ton constant de second degré et de légèreté englobe le film qui aborde pourtant des thèmes sérieux pour ne pas dire "adultes". Le sexe arrive en tête de liste, loin d'être timide avec Kaboom, il n'est pourtant pas envahissant, et atteint un certain lyrisme qui parvient à éclipser toute vulgarité malgré des dialogues crus. L'histoire se construit de manière énigmatique, sur des péripéties sombres prenant au fil du film une ampleur inattendue. En revanche, et sans trop vous dévoiler l'intrigue, la dernière partie du film (et sans aucun doute la plus inoubliable) est d'un délire complètement assumé et d'une fantaisie sans nom. Pour tout vous dire, je n'avais jamais vu de fin pareille de toute ma vie de mangeur de bobines. Gregg Araki semble savoir y faire dans le genre (cf. la toute fin de Nowhere). Cette apothéose sous acides m'a laissé sans voix, mais m'a volé pas mal de rires au passage.
Kaboom ne s'en cache pas, il a beau prétexter une intrigue ténébreuse en dehors de la vie de débauche de ses protagonistes, il est avant tout un incroyable grand huit aux dialogues mordants et jubilatoires, aux figures charmantes, aux sentiments finement maitrisés, à l'esthétique alléchante et aux jeunes acteurs méritants pour leur savoir-faire malgré des séquences qu'on imagine pas toujours faciles à exécuter. Gregg Araki parvient une fois encore à aborder avec aisance des thèmes tabous sur le paysage hollywoodien : Homosexualité, sexe, drogues, perdition adolescente... On ne tombe jamais dans le mélodrame ou dans la critique facile et stupide (même si certaines choses peuvent être sujet à analyse on dirait...). Drôle, envoutant, débridé et totalement déjanté, Kaboom vaut le coup d'œil, ne serait-ce que par curiosité. Et si vous accrochez, alors préparez-vous à aimer le reste de la collection Araki...
"If A fucks B and B fucks C, so A fucks C"