Bienvenue bienveillant visiteur susceptible de me daigner un minimum d'attention le temps de quelques mots. Ce blog se résume à exprimer mon amour pour ce qui est certainement la plus grande de mes passions : le Cinéma. Cela se traduira ici par nombre d'avis et critiques évidemment très subjectifs et peu professionnels autour de films que j'aurai choisis. Le seul but de ce blog sera de partager avec vous mes goûts pour le septième art, et qui sait, peut-être vous faire découvrir de nouveaux horizons cinématographiques. Bonne toile !

jeudi 27 septembre 2012

The Raid



The Raid, Gareth Evans, 2012.

Dans la ville de Jakarta en Indonésie, une équipe de policiers lourdement armés s'apprête à prendre d'assaut un immeuble abritant en son sommet un puissant baron de la drogue. Leur mission est de le capturer vivant. Le problème, c'est que le baron n'est pas seul, et dispose de sa petite armée personnelle de gangsters en tous genres, prête à tomber brutalement et à chaque étage du bâtiment sur les policiers qui se retrouvent rapidement dépassés par la situation, et en sous-nombre inquiétant...

D'un synopsis aussi simpliste résulte l'un des meilleurs films d'action qu'il m'ait été donné de voir.
The Raid est un pur concentré d'adrénaline non-stop qui inflige une claque monumentale au spectateur. La mise en scène d'Evans est d'une maitrise sensationnelle, et nous offre des combats au corps à corps d'une fluidité et d'un esthétisme sans pareille, et ce malgré l'utilisation assez audacieuse de la caméra à l'épaule et du plan séquence. On n'en manque pas une miette, les chorégraphies sont parfaites et les prouesses physiques dont font preuve les acteurs nous laissent bouchée bée. D'ailleurs, c'est la seule chose à attendre d'eux, car il faut l'avouer, les personnages qu'ils jouent n'ont aucune profondeur et suscitent assez peu d'empathie, mais leur taux de badassitude est tellement explosif quand ils se mettent à donner des coups de tatane à tout va, que finalement bah, c'est pas si grave.

 

L'histoire assez simpliste se permet quelques "twists" plutôt bienvenus, même si il n'y a pas de quoi sauter au plafond. Un rythme effréné s'instaure après vingt premières minutes assez calmes qui mettent en appétit et amènent une tension palpable pour enfin exploser, et ce jusqu'à la fin du film, en nous laissant à peine le temps de reprendre notre souffle. La bande son signée Mike 'Linkin Park' Shinoda est un délice pour les oreilles et fait corps sans problème avec l'image, pour peu qu'on accroche au style. Le climax est atteint avec un combat final digne d'un ultime boss de jeu vidéo, brutal, long et classieux à souhait. Le dit boss est d'ailleurs d'une robustesse ahurissante...

On pourrait évoquer un défaut dans le fait que les bastons soient même trop longues et qu'on frôle parfois l'overdose. L'utilisation du plan séquence pour filmer des combats d'arts martiaux entrave un peu leur rythme, mais permet néanmoins de profiter au maximum de la finesse de leurs exécutions. Et puis c'est tellement rare aujourd'hui que les scènes d'action prennent la peine de s'éterniser un peu, alors pourquoi bouder son plaisir, surtout qu'on est là pour ça? Puisqu'on parle d’exécutions : Croyez-moi, un paquet de "finish moves" du film font délicieusement grincer des dents.

Moi qui ne suis pourtant pas un grand amateur de cinéma d'arts martiaux, j'ai été totalement conquis par The Raid, une attraction qui n'a nul autre dessein que de nous offrir des pugilats intenses filmés à la perfection (on ne pourrait pas faire mieux, je pense), une dose de violence évidemment présente mais qui évite de tomber dans les excès faciles (même si le prologue du film est une entrée en matière plutôt sanglante).
Comme dit plus haut, on le savoure comme un jeu vidéo, avec ses étages regorgeant d'ennemis de plus en plus coriaces que notre héros solitaire (malgré-lui) doit affronter pour pouvoir passer au niveau supérieur, se rapprochant de plus en plus d'un dernier chenapan qui provoque de très gros bobos...
Pour moi, la bonne surprise de cette année 2012, pour le moment.

jeudi 25 août 2011

The Devil's Rejects


The Devil's Rejects, Rob Zombie, 2005.

La famille Firefly n'a rien de la gentille petite famille américaine typique qu'on nous sert en sitcom à tour de bras. Au contraire, ses membres ont pour grand loisir de singer et ruiner les manières et l'image de leur nation tant aimée, surtout si cela implique de massacrer ses habitants -ou pire encore- par simple plaisir. Chassés sans relâche à travers le pays par des forces de police dirigées par un shérif ivre de vengeance depuis l'assassinat de son frère par les Firefly, les derniers membres survivants de cette famille peu amicale organisent leur défense tout en prenant le temps de léguer un ultime bain de sang sur leur passage.

Difficile pour moi d'être objectif en parlant de Rob Zombie, tant il représente pour moi un Artiste Accompli avec deux grands A : designer cool, musicien jouissif et cinéaste complètement barré, le gaillard a le mérite de se débrouiller et d'imposer sa patte si particulière dans tous les domaines qu'il touche. Avec The Devil's Rejects, je pense qu'on atteint le niveau de chef-d’œuvre du genre dans la filmo' de Zombie, et c'est presque désolant quand on compare au dispensable Halloween sorti peu de temps après, et sa suite encore plus dispensable qui suivit. Nous avons affaire ici à une suite qui prend un tournant radicalement différent de La Maison des 1000 Morts, premier long-métrage du réalisateur, et série B rigolote sans transcender ni renouveler le genre (ce qui n'était visiblement pas son intention, de toute façon).


Avec ce nouvel opus relatant les joyeuses tribulations des Firefly, c'est la claque. Exit la série B qui parodie ses modèles en se parant d'un second degré évident dans son ampleur dramatique comme dans ses effets spéciaux, et en recyclant agréablement les néons de toutes les couleurs que Zombie utilisait dans ses clips musicaux. Dans The Devil's Rejects, c'est crade, ça suinte, ça pue, c'est violent, très violent, et malsain. Ce changement de ton traduit un véritable désir de créer un road-movie réaliste, à la fois sauvage et horrifique, une œuvre sans concession qui dépeint une violence plus étouffante que ludique. Après tout, rares sont les films qui nous font suivre une bande de salopards finis dans leurs œuvres, aux prises avec d'autres salopards du même acabit (et ce même chez Tarantino).


Ce parti pris en rebutera plus d'un, et restreint donc fortement l'accès à ce film. Contre toute attente, Rob Zombie parvient tout de même à tirer de son public une certaine empathie envers ses héros de l'enfer, au fil de leur quête sanglante. On a beau assister à un spectacle horrifique et avoir envie de les tuer du début à la fin, les rares mais efficaces moments d'humanité que le réalisateur insuffle à ses personnages parviennent à accrocher le spectateur. On peut également compter, pour détendre un peu l'atmosphère, sur un humour timide et justement dosé à travers des dialogues piquants taillés à la hache.

Imprévisible et nerveux, The Devil's Rejects nous offre une belle galerie de "gueules" qui viennent épauler nos déjà-forts-en-gueule Otis, Baby (le joli bout d'épouse de Rob Zombie) et Capitaine Spaulding, campés par des acteurs référentiels à eux tous seuls : Ken Foree (Zombie), Danny Trejo (Machete), Michael Berryman (La Colline a des Yeux) et j'en passe... Les acteurs semblent tous très à l'aise dans la peau d'une ordure, tant ils sont convaincants dans leur jeu. Nombre de scènes font preuve d'un sadisme qui met fortement mal à l'aise, mais Rob Zombie ne nous livre pas simplement un film bourrin à la violence gratuite. Les enjeux sont bien présents, l'histoire surprend et évolue dans un rythme endiablé accompagné d'une bande son du tonnerre (glisser Free Bird des Lynyrd Skynyrd à la fin d'un film, c'est le summum du bon goût quand même). Je conseille aux curieux ce road-movie infernal qui ne laissera personne indifférent. Un de mes films favoris. J'espère que ce cher Rob reprendra du poil de la (super)bête dans ses prochaines œuvres.

 "Tutti Fuckin' Fruity!"

jeudi 18 août 2011

Captain America


Captain America, Joe Johnston, 2011.

Le jeune et frêle Steve Rogers ne manque pas de conviction ni de cœur, mais ça ne peut remplacer une force brute et un instinct de tueur aux yeux de l'armée américaine, recherchant à travers tout le pays les meilleurs soldats qui pourront écraser les troupes d'Hitler en Europe. Refusé à de nombreuses sessions d'enrôlement, il est finalement abordé par une équipe de scientifiques dont le but est de créer une lignée de super soldats capable d'éliminer les Nazis, et plus exactement l'organisation Hydra, dirigée par le diabolique et peu sociable Red Skull, qui détient un objet dont les pouvoirs pourraient bouleverser la face du monde, en particulier entre de mauvaises mains.

L'arrivée si tardive sur nos écrans d'un héros pourtant si emblématique chez l'écurie Marvel tient sans doute au fait que le dit héros est, il faut bien le dire, complètement dépassé. Captain America est avant tout, et dans le contexte de sa création sur les planches, un outil de propagande dégoulinant de nationalisme et d'idéaux pro-militaristes à l'époque où la guerre fait rage outre-atlantique. Transposer ce héros au costume d'un ridicule si bidonnant en 2011 parait alors hors de propos. Une première adaptation avait d'ailleurs vu le jour en 1990, mais elle n'a pas l'air d'avoir marqué les esprits. Ici, c'est Joe Johnston qui a la lourde tâche de rendre crédible le héros qui partage les couleurs du pays du camembert. Le gaillard, qui dispose d'un CV en dents de scie (Jumanji, Jurassic Park 3 ou plus récemment Wolfman), s'en sort plutôt bien.


Les scénaristes ont eu la bonne idée de garder le bon vieux Captain' dans son époque, le long-métrage s'imprègne alors d'une ambiance agréable grâce à une esthétique réussie, malgré quelques anachronismes évidents, surtout quand on lorgne du côté des méchants. Mais bon, on est dans Captain America, il ne faut pas l'oublier. Plus admirable encore, alors qu'on pouvait s'attendre à retrouver le côté patriotique exacerbé et inhérent au personnage, Joe Johnston caresse le spectateur moderne (et pas si patriotique que ça) dans le sens du poil en tournant en dérision l'image du Captain dans son contexte. Le résultat est savoureux à l'écran, et met Steve Rogers lui-même mal à l'aise face à un tel déluge de kitch en spectacle. Chris Evans trouve ici un rôle qui sied parfaitement à sa tête de nœud. Ce n'est pas péjoratif, il s'intègre parfaitement dans la peau d'un personnage très lisse et très propre sur lui, mais quelque peu attachant grâce à sa bonté, à son humanité.

C'est d'ailleurs de ce point que l'on peut tirer la principale faiblesse de Captain America. Dans sa première partie, nous découvrons un Steve Rogers profondément humain (et admirablement transformé en gringalet par des effets spéciaux bluffants de réalisme), suscitant une profonde empathie de par ses désirs et ses faiblesses. Dans sa seconde partie, qui voit intervenir un Steve Rogers désormais super héros, le film se révèle beaucoup plus classique, moins affectif. Les scènes d'action s'enchainent sans temps mort (avec des effets spéciaux un peu moins réussis), le rythme permet au spectateur de ne jamais s'ennuyer, mais le tout demeure hélas bien moins accrocheur.


Hugo Weaving, icône geek par excellence, campe ici un Red Skull au potentiel énorme en tant que grand méchant Badass, mais malheureusement pas vraiment exploité. Quand on compare à Kevin Bacon dans le dernier X-Men, merveilleux film super-héroïque d'époque (lui aussi), on ne peut que tiquer.  Reste une galerie de seconds rôles sympathiques et aux visages bien connus (Tommy Lee Jones toujours en forme et Stanley Tucci charismatique durant son peu de temps à l'écran), la traditionnelle romance qui a l'avantage ici de proposer quelque chose de différent dans son évolution (et sa finalité), un souffle épique qui hélas n'atteint jamais la classe d'un Iron Man, mais qui propose une aventure plus mouvementée que celle de Thor. Les films autour des Vengeurs étant donc dans l'ensemble plutôt réussis (si on exclut Iron Man 2), le projet qui réunit toute cette jolie bande de cosplayeurs sous la houlette de Joss Whedon -tiens, encore une icône geek- promet quelque chose de jouissif, même si il pouvait en inquiéter plus d'un à la base.

En bref, Captain America, même si il souffre d'un intérêt faiblissant sans sa seconde partie au profit d'une grosse dose d'explosions, propose tout de même un agréable film d'aventures dans son ensemble, qui n'ennuie jamais et amuse souvent, et a su faire du kitch de son héros un argument de poids dans son évolution et dans le façonnage de l'univers qu'il occupe. Ça n'est pas aussi réussi qu'X-Men First Class (ouais encore lui, je sais), mais le résultat est suffisamment convaincant pour contenter les fans du Comics autant que le grand public.
PS : Restez jusqu'à la fin du générique, la -traditionnelle chez Marvel- petite surprise annonce de grandes choses.

"Why someone weak? Because a weak man knows the value of strength, the value of power..."

jeudi 11 août 2011

La Planète des Singes : les Origines


La Planète des Singes : Les Origines, Rupert Wyatt, 2011.

Cet article est dédié à la femme de ma vie, mon inspiratrice tout autant que ma force motrice. 

Will Rodman est un jeune scientifique talentueux et ambitieux, à ce point qu'il parvient à créer un remède contre la maladie d'Alzheimer, dont son père est malheureusement atteint. Ce remède, il le doit aux expérimentations que son équipe et lui-même effectuent sur des singes, expériences qui stimulent grandement la mémoire du sujet et qui, contre toute attente, accroissent leur intellect jusqu'à un niveau incroyable. César, chimpanzé rejeton du sujet originel, fera preuve d'intelligence à tel point que les humains trembleront devant ses capacités lorsque ce dernier, abandonné et maltraité par l'humanité, réunira ses semblables sous la bannière de la révolution des primates...

Que l'on soit admirateur ou non de la saga de la Planète des Singes, nul ne peut nier un minimum de connaissance à ce sujet, que ce soit au niveau des costumes ou des symboles iconiques de la série (la statue de la Liberté). Une résurrection opérée par Tim Burton il y a de cela dix ans n'avait pas vraiment emballé le public, et encore moins les fans de la première heure des films originaux, dont je ne fais pas vraiment partie. Le film de Burton ne m'avait pas vraiment déplu, sans être extraordinaire (et un peu trop tordu dans son dénouement), mais je dois avouer que cette nouvelle version de l’œuvre de Pierre Boulle (ouaip, parce que c'est un roman à la base) a toutes les qualités d'un blockbuster qui a du cœur autant que des tripes.

Les bandes-annonces sont d'ailleurs trompeuses sur la marchandise, cette préquelle (procédé grandement à la mode ces derniers temps), ne narre pas la rébellion et les émeutes multiples des singes durant 1h40, cette partie de l'histoire n'occupant que les vingt dernières minutes du film. Le long-métrage de Rupert Wyatt se focalise avant tout sur l'évolution du personnage de César, la véritable star du film, campée à merveille par un Andy Serkis décidément habitué à la motion capture. Le singe malin prend vie à l'écran grâce à des effets spéciaux bluffants de réalisme, et il en est de même pour ses congénères. On en vient à se demander si nous avons affaire à de vrais chimpanzés ou non, même si les animaux gardent des expressions faciales profondément humaines. César est donc au cœur des évènements, un figure emblématique et profondément attachante, aux sentiments palpables, volant la vedette au demeurant très bon James Franco (je ne parlerai pas en détail de sa petite amie dans le film, l'un des personnages féminins les plus insignifiants que j'ai eu l'occasion de voir au cinéma).


Les thèmes abordés et la morale que l'on peut en dégager n'ont rien de bien nouveau, mettant une fois de plus en évidence le caractère autodestructeur de l'Homme par son irrespect face à la nature et les dangers qu'il engendre au nom de la science, mais force est de constater que la recette fonctionne toujours, car que ce soit par la bombe atomique (cf. les anciens films) ou par une médication bactériologique mutante, chaque génération apportera à l'être humain toujours plus de moyens d'assouvir ses penchants masochistes, même si le "remède" en question a ici été crée avec les meilleures intentions (mais heu... c'était pas également le cas avec la bombe atomique ?). 

Ne jouez donc pas trop les tortionnaires avec nos camarades animaux, car ils peuvent être rancuniers. La scène d'action finale le montre bien, au travers d'une mise en scène fluide et efficace, des sentiments forts et humains se mêlent à un déchainement de rage vengeresse de la part des primates au cœur d'un San Francisco devenu pour l'occasion un zoo municipal rapidement dépassé par les actions de ses occupants. Tout ceci ne semble être que le début, car la planète des singes est encore loin d'être conquise avec ce premier film, et une nouvelle saga semble évidemment pointer le bout de son nez. J'en reprendrai avec plaisir, si la suite du programme s'annonce aussi éblouissante et jouissive. 


vendredi 29 avril 2011

Sympathy for Mr. Vengeance


Sympathy for Mr. Vengeance, Park Chan-Wook, 2002.

Ryu, jeune ouvrier sourd et muet a un besoin urgent d'une importante somme d'argent afin de sauver la vie de sa sœur gravement malade et en attente d'une opération. Hélas, son licenciement voit les chances de sa sœur diminuer de plus en plus. Ryu décide alors, avec l'aide de sa petite amie, de kidnapper la fille de son ancien patron, Dongjin, la prunelle de ses yeux. La rançon était censée pouvoir assurer les soins de sa sœur, mais le plan de Ryu va rapidement déraper, et tourner au drame.


Le cinéma de Park Chan-Wook est comme une peinture sur toile marquante dès le premier coup d'œil grâce à sa forme, à sa couleur et à son fond. Une toile qui nous inspire naturellement des superlatifs tout en nous laissant sans voix, un paradoxe qui nous donne envie de sourire béatement autant que de pleurer de tristesse. Sympathy for Mr. Vengeance, premier film de sa célèbre trilogie sur le sujet, illustre très bien le propos que je viens d'évoquer. Il s'agit selon moi d'une œuvre à la beauté aussi froide que captivante. Une envolée lyrique qui chute inexorablement à cause du poids d'un pessimisme (ou nihilisme) omniprésent qui étouffe la moindre lueur d'espoir. Pour faire simple, putain c'est beau mais ça te brise le cœur autant que la mâchoire ! Park Chan-Wook fait parler ses plans hyper léchés plus encore que ses personnages (un héros sourd et muet ça aide). Il donne autant de personnalité aux protagonistes qui se définissent par leurs actes maladroits et désespérés qu'à l'environnement et à la morale de l'œuvre. Pratiquement chaque plan apparaît comme une œuvre d'art, chaque personnages, même antagonistes, sont attachants et honorables (qui plus est campés à merveille par des acteurs quasi-irréprochables), chaque musique et ambiance sonore nous transporte à leurs côtés tout en gardant une distance tristement omnisciente, rien n'est à jeter.

Le choc frontal vient d'une cassure nette entre les deux différentes parties du film. La première heure nous borde dans un climat plutôt doux et agréablement naïf alors que la seconde dépeint une descente aux enfers sans retour dans un déluge de violence, de désespoir et de vengeance, sans jamais être gratuit pour autant. Tout ceci se conclue dans un final tout bonnement percutant. Choquant, lyrique, mais aussi logique et lourd de sens, c'est une sacrée claque qui clôt le film en beauté. Les longueurs de l’œuvre ont une présence significative, et pourtant on ne s'ennuie pas pendant deux heures purement intenses. Sympathy for Mr. Vengeance évite tous les pièges du genre et a l'intelligence de ne jamais prendre parti, mais nous montre une monstruosité bien réelle qui ne naît pas forcément des mains des personnages du film. Ça ne vaut pas encore Old Boy mais ça s'en approche, dommage que Lady Vengeance soit pas mal de poils de cul en dessous...

 "I know you're a good guy... but you know why I have to kill you..."

jeudi 28 avril 2011

Scre4m


Scream 4, Wes Craven, 2011.

Qu'on adhère au genre ou pas, il faut bien le reconnaitre, la saga Scream et son "Ghostface" sont des icones du genre qui ont marqué à jamais toute une génération d'adeptes. Il y a quinze ans de cela, on pouvait assister aux premiers déboires de Sidney Prescott, confrontée à un dangereux psychopathe visiblement amateur d'Edvard Munch. Le film fut un succès total, une référence immédiate, débarquant en salles alors que le film d'horreur et en particulier le slasher étaient en état comateux (pour ne pas dire six pieds sous terre), et de ce fait redorant fièrement le blason de l'épouvante. On ne peut pas dire que le parcours fut aussi glorieux pour les séquelles, mais la tétralogie de Wes Craven a toujours su faire preuve d'un parcours ultra-référentiel délectable et une critique acerbe et jouissive de l'industrie hollywoodienne.


Dix ans après les évènements du troisième opus, la belle Sidney se retrouve une fois de plus aux prises avec un allumé de la lame, pas de chance, à croire qu'elle ne fréquente que des psychopathes. Si dans la forme, ce quatrième épisode n'apporte pas grand chose de plus à une saga qui n'a fait que s’essouffler scénaristiquement au fil des films, c'est dans le fond que Scream 4 frappe fort. On pouvait s'inquiéter à son annonce, l'héritage de Ghostface et ses codes paraissant quelque peu dépassés et ringards aux yeux d'une nouvelle génération dopée au gore à outrance et à l’ultra-violence. Craven a su jouer de cet handicap et en faire une force pour sa nouvelle histoire. Scream 4 est un film très drôle, encore plus grinçant qu'auparavant et toujours un véritable témoignage d'amour aux références du cinéma de genre. Nouvelle génération, nouvelles règles, et un aspect parodique omniprésent tant dans la mise en abime que dans les mœurs de cette relève adolescente. Le géant Hollywood s'en prend encore plus dans la gueule que jamais, et il faut bien avouer qu'aujourd'hui plus qu'à l'époque, il y a matière à se moquer là-dessus...


Dès la première séquence (magistrale, comme toujours dans la saga), le ton est donné. Un rythme explosif, des ficelles du suspense et de l'angoisse éculées mais judicieusement exploitées, des figures familières sur le retour et de nouvelles têtes fort sympathiques et bien connues pour la plupart, des dialogues délectables, des mises à mort pas toujours très inspirées mais empreintes d'une bonne dose de tripailles -au sens propre comme au figuré- et surtout, je le redis, un humour noir acéré qui rend à la franchise ses lettres de noblesse. Scream 4 pourra de ce fait toucher tous les publics (à partir d'un certain âge, bien sûr), pour peu que l'on baigne un minimum dans le cinéma d'horreur.

"Now shut the fuck up and watch the movie"

mercredi 30 mars 2011

Le Tombeau des Lucioles


Le Tombeau des Lucioles, Isao Takahata, 1988.

Enfin, je me suis décidé à voir ce film d'animation dont on ne cessait de me vanter les mérites. Enfin, j'ai pu me faire mon propre avis sur ce dessin animé que nombre d'individus évoquent comme l'un des films les plus larmoyants qui soient. Le réduire à ce simple terme serait un peu maladroit, car le film de Takahata inspire tellement de choses, et prouve bel et bien que le cinéma d'animation ne se cantonne pas à un public qui n'a pas encore la voix qui mue (ou les seins qui poussent). 

Le Tombeau des Lucioles nous narre les tribulations et successions de malheurs (encore pires que ceux de Sophie) du jeune garçon Seita et sa petite sœur Setsuko, dans un Japon en fin de guerre avec les Américains et proche du sinistre sort qu'on lui connait, durant l'été 1945. Les bombardements ennemis sont légions, les deux enfants perdent leur mère dans la destruction de Kōbe et se retrouvent hébergés par une tante leur exprimant clairement qu'ils seront un poids pour elle tant qu'ils ne travailleront pas. Seita décide de partir avec sa sœur. Ils s'installent dans un abri désaffecté et tentent tant bien que mal de survivre. Leur seul émerveillement face à cette situation désespérée est l'amour qu'ils se portent l'un l'autre, et les centaines de lucioles qu'ils côtoient chaque nuit. 


Plus de 20 ans après sa sortie, ce chef-d’œuvre de l'animation n'a pas pris une seule ride, et ce grâce à une animation en tous points réussie. Les personnages prennent vie sans problème, on peut d'ailleurs également saluer le doublage exemplaire, en particulier pour les deux enfants, impressionnant de justesse. Pas besoin d'acteurs de chair et d'os ici, le résultat est garanti 100% réaliste. On pourra reprocher au grand frère sa froideur assez frustrante lors de certaines situations, mais son comportement trouve finalement une certaine cohérence en même temps que l'on apprend à cerner les différents protagonistes. Setsuko est une petite fille tout bonnement adorable qui ferait dans la réalité le bonheur d'un (trop) grand frère blasé tel que moi -même si sa voix stridente pourra en agacer plus d'un, je le sens-. 

Les personnages sont (tragiquement) très humains et inspirent donc facilement notre empathie, ainsi que notre sympathie. On ne peut qu'être émus face à cette infortune s'abattant sans cesse sur eux telle une épée de Damoclès (ou un bombardier américain), malgré toute la bonne volonté et les efforts titanesques qu'entreprend un frère dans l'unique but de protéger sa petite sœur. Je dois l'avouer, je trouve ce film profondément désespérant, dans le portrait réaliste qu'il fait d'innocents en proie à la fatalité engendrée par la bêtise de l'homme. Le dénouement démontre à lui seul la véracité de la réputation du Tombeau des Lucioles. Je ne trouve absolument rien à reprocher à la mise en scène. C'est un film vraiment bouleversant (boite de kleenex à prévoir pour les plus sensibles), un très beau plaidoyer anti-militariste, un portrait admirable de l'amour entre un frère et sa sœur, et une fable envoutante sur l'innocence et sa fragilité. 

"Why must fireflies die so young?"

lundi 28 février 2011

True Grit


True Grit, Joel & Ethan Coen, 2010.

Ouest sauvage, le père de Mattie Ross est abattu lors d'une altercation avec un lâche benêt et ivrogne nommé Tom Chaney. La fillette de 14 ans réclame justice, et surtout vengeance. Pour cela, elle fait appel au Marshal Rooster Cogburn, fine gâchette aux méthodes expéditives, alcoolique et sarcastique. Ce curieux duo est bientôt rejoint par un Texas Ranger du nom de LaBoeuf, qui désire capturer Chaney pour des raisons tout autres. Mais le fugitif s'est réfugié en territoire indien avec d'autres camarades hors-la-loi, l'attraper ne sera donc pas une mince affaire...

Présenter True Grit doit être aussi utile que présenter les frères Coen. Chaque film réalisé par les deux frangins a su affirmer toujours plus leur style et leur savoir-faire, leur réputation n'est plus à faire. Leur mise en scène est reconnaissable entre mille, c'est une empreinte aux contours bien définis qui se trouve être le fil conducteur dans leur filmographie, et ceci est bien évidemment la marque des grands auteurs de ce monde. Même si à première vue True Grit semble issu de la mode hollywoodienne actuelle de l'adaptation à outrance (non seulement d'un roman mais aussi remake d'un film avec John Wayne dans le cas présent), Joel et Ethan ont su s'approprier l'essence de l'œuvre et la marquer de leur patte si particulière.


Il faut l'avouer, dans la forme, True Grit n'a rien de franchement original. L'histoire est assez classique pour le public actuel, et prend place à travers un genre qui ne trouve plus grâce à ses yeux depuis hélas bien longtemps. Encore une fois, c'est dans le talent de la mise en scène que les Coen impressionnent : on retrouve les ingrédients qui ont donné vie à leurs précédents films, à savoir de sacrés acteurs avec de sacrées gueules. Jeff Bridges, qui n'a plus rien à prouver niveau talent d'acteur, est tout bonnement énorme dans le rôle titre et qui plus est très bien épaulé, la jeune Hailee Steinfeld semble promise à un chouette avenir dans le milieu, Matt Damon casse son image en incarnant un Texas Ranger un peu paumé, et un peu boulet, tandis que Josh Brolin au demeurant rare à l'écran durant l'histoire offre une prestation réussie d'un brigand légèrement demeuré.


S'ajoutent à ce joli petit lot humour cynique et bêtise naïve au travers de dialogues finement menés, là aussi un trait de caractère bien connu de l'écurie Coen. Et que dire de l'envoutement offert par des décors naturels magnifiques et une musique exclusivement (il me semble) interprétée au piano (original pour un western, il faut le dire). Le rythme est lent, l'histoire prend le temps de se mettre en place, mais True Grit c'est ça, un western dans la plus pure tradition du genre, respectueux à la lettre de tous les codes qui ont su lui donner son identité, et pour le plaisir des amateurs, une véritable renaissance (même si cela peut être éphémère) du genre. A mes yeux, ça n'est pas aussi intense qu'un No Country for Old Men ou aussi jouissif qu'un Big Lebowski, mais True Grit a le mérite de nous donner le sourire et de nous envouter pendant 2h, en témoignant d'un véritable amour pour l'art de raconter une belle histoire.

"You must pay for everything in this world, one way and another."

vendredi 25 février 2011

Dog Pound


Dog Pound, Kim Chapiron, 2010.

J'ai toujours eu un faible pour les films détaillant le milieu carcéral, sans doute pour leur intention de dresser un portrait réaliste et donc dur d'un monde qui demeure inconnu pour ceux n'y ayant jamais séjourné, mais qui malgré cela fascine et terrifie l'homme par sa simple existence et la promesse de l'y inviter si jamais il fait un trop gros pet de travers. Il n'est pas simplement question de montrer à l'écran un enfer pur et simple, mais tout un système, une société de l'ombre séparée de l'humanité par des murs épais, avec ses propres règles, et bien sûr son injustice (si on peut employer ce mot ici) et sa violence omniprésente. Dog Pound suit logiquement ce schéma.


Nous sommes témoins des mésaventures de trois jeunes garçons de 15 à 17 ans, Butch, Angel et Davis, qui se retrouvent compagnons d'infortune dans le centre de détention pour mineurs d'Enola Vale, accusés de crimes divers selon l'individu, mais bien réels. La principale force du film est donc de nous représenter toute une jeunesse livrée à elle-même dans une fourrière aux règles impitoyables. Rien n'est laissé au hasard, le centre de détention est construit brique par brique pour les besoins du film, nombre de personnages secondaires et de figurants sont joués par des jeunes amateurs issus de la délinquance et certains sont d'ailleurs réellement connaisseurs du rôle de détenu, d'après certaines anecdotes l'acteur principal Adam Butcher (Butch) était d'ailleurs sacrément irascible et se retrouvait à plusieurs reprises en garde à vue pendant le tournage...


De quoi convaincre sur l'authenticité du jeu d'acteur. Adam Butcher est la véritable révélation du film, adolescent au regard fou, il semble habité par le rôle. Les autres ne sont pas en reste, tous de jeunes acteurs talentueux qui ne portent pourtant pas la mention "professionnels", en particulier ses deux acolytes Shane Kippel (Davis) et Mateo Morales (Angel). Les décors sont factices mais pourtant on ne doute pas une seule seconde d'être plongés avec eux au sein d'Enola Vale. On peut d'ailleurs saluer le travail photo qui met parfaitement l'accent sur de jolis jeux de couleurs, à la dominante bleue, ce qui allie habillement froideur et immersion. La bande sonore va également dans ce sens, avec de jolies balades dans un style un peu country, douces et mélancoliques.


En opposition, Dog Pound n'y va pas avec le dos de la cuillère question violence, lors de scènes particulièrement infernales qui en rebuteront plus d'un. Mais bon, il faut bien s'attendre à cela dans un film de ce genre, et sans jamais tomber dans la violence gratuite, Kim Chapiron filme avec justesse le parcours chaotique de personnages qui tentent, chacun à sa manière, de gagner sa place à Enola Vale, et surtout être un meneur et non une victime. Dog Pound est donc très bien rythmé, raconté de manière on-ne-peut-plus réaliste, construit autour d'archétypes mais non de clichés (rien de bien dérangeant en tout cas). Kim Chapiron (un frenchie, yeah!) est visiblement un réalisateur à suivre, son chef-d'œuvre ne trompe pas sur la marchandise, un film poignant, viscéral, beau et puissant, un film coup de poing jusqu'à la dernière image.

dimanche 13 février 2011

Black Swan


Black Swan, Darren Aronofsky, 2011.

Le New York City Ballet, sous la direction de l'acerbe Thomas Leroy, s'apprête à réaliser une nouvelle version du numéro du Lac des Cygnes. Parmi les prétendantes au rôle principal de l'œuvre assoiffées de gloire et de perfection que dirige Thomas se trouve la ravissante Nina, danseuse confirmée mue par son désir de réussite et de perfection au sein de la danse. Nina est prête à tout pour obtenir et jouer ce rôle, celui de toute une carrière, et pour cela elle ira jusqu'à se dépasser physiquement, comme mentalement.

Darren Aronofsky est donc le premier réalisateur à avoir l'honneur (heum) d'être cité deux fois sur mon blog. D'ailleurs, je pourrai presque recycler ma critique de The Wrestler, tant ses deux derniers films sont similaires sur de nombreux plans, dans la forme comme dans le fond. Mais je n'en ferai rien, car Black Swan dispose tout de même d'une identité particulière et choisit un tout autre visage que celui qu'arborait The Wrestler. On retrouve bien sûr le parcours d'une personne à la fois fortement affaiblie mais vivant uniquement de sa passion, aux liens complexes avec son entourage. La dégradation physique du personnage central est similaire donc, mais Aronofsky choisit ici de représenter une descente aux enfers à la folie enivrante et vraiment oppressante, pour Nina comme pour le spectateur, dans un milieu impitoyable où l'humanité se perd.


Black Swan s'apparente donc d'avantage à un thriller qu'à un drame, pour peu que l'on puisse réellement lui coller une étiquette. Sans trop vous en dévoiler, il se permet même des envolées fantastiques hypnotiques et intrigantes. Le film doit tout à la prestation incroyable de Natalie Portman, qui trouve certainement ici son meilleur rôle (?), et qui mérite bien les louages dont elle est baignée en ce moment, tant elle a su s'imprégner du personnage au point de se dépasser physiquement, et de danser de manière remarquable et magnifique aux yeux du spectateur (même si les professionnels semblent toujours trouver à redire là-dessus...). Black Swan est empreint d'une beauté poétique certaine, mais il envoute surtout par sa froideur inquiétante, et la dureté de son propos. Les personnages gravitant autour de Nina en sont témoins. Vincent Cassel est juste dans son rôle de dirigeant tyrannique et insondable, même si il demeure assez en retrait, voire éclipsé par l'imposant charisme d'une Natalie Portman qui pourtant semble si fragile et perdue alors qu'elle est censée rayonner en tant que danseuse confirmée et connaisseuse du milieu, abritant une noirceur intérieure prête à s'échapper. Mila Kunis apporte une touche importante d'érotisme et de mystère à l'oeuvre, et incarne un personnage tout aussi inaccessible et impossible à cerner que Thomas. Winona Ryder trouve parfaitement corps dans ce rôle d'étoile déchue avant l'heure, qui pourrait d'ailleurs être mis en parallèle avec la carrière de l'actrice...


La froideur de Black Swan vient donc d'une absence de sentiments forts et d'alchimie entre les différents protagonistes (tout le contraire de The Wrestler), et d'une manière d'allier des représentations poétiques avec une mise en scène viscérale, à la photographie dépouillée et à la caméra à l'épaule qui relève carrément du documentaire. Le tout assure une immersion totale, même si on garde une certaine distance par rapport aux personnages. On partage avec Nina cette angoisse, cette paranoïa et ce mal-être lié à la difficulté de ce qu'elle entreprend, et on éprouve une certaine empathie face à une pauvre fille dominée par une mère omniprésente et abusivement protectrice, un patron tout aussi despote et une rivale menaçante . Mais on reste au seuil entre l'abandon de soi dans une folie partagée avec Nina et l'œil figé d'un spectateur face à une représentation éblouissante, en particulier lors d'une final proprement grandiose. La partition de Clint Mansell est à ce titre, et une fois encore, magnifique et participe grandement à sublimer le film. Darren Aronofsky confirme son style si fort, si sombre et si maitrisé, et livre une fois encore un chef-d'œuvre qui mêle habillement les genres sans se cloisonner, à l'image du cygne blanc et noir, qui mêle beauté et attachement autant que liberté d'action sans compromis et perdition dans la noirceur de l'âme. A déconseiller tout de même, si vous êtes admirateurs de danse classique et désirez y faire carrière, tant le milieu est ici 'légèrement' dépeint de manière corrosive.

"The only person standing in your way is you."