Bienvenue bienveillant visiteur susceptible de me daigner un minimum d'attention le temps de quelques mots. Ce blog se résume à exprimer mon amour pour ce qui est certainement la plus grande de mes passions : le Cinéma. Cela se traduira ici par nombre d'avis et critiques évidemment très subjectifs et peu professionnels autour de films que j'aurai choisis. Le seul but de ce blog sera de partager avec vous mes goûts pour le septième art, et qui sait, peut-être vous faire découvrir de nouveaux horizons cinématographiques. Bonne toile !

lundi 28 février 2011

True Grit


True Grit, Joel & Ethan Coen, 2010.

Ouest sauvage, le père de Mattie Ross est abattu lors d'une altercation avec un lâche benêt et ivrogne nommé Tom Chaney. La fillette de 14 ans réclame justice, et surtout vengeance. Pour cela, elle fait appel au Marshal Rooster Cogburn, fine gâchette aux méthodes expéditives, alcoolique et sarcastique. Ce curieux duo est bientôt rejoint par un Texas Ranger du nom de LaBoeuf, qui désire capturer Chaney pour des raisons tout autres. Mais le fugitif s'est réfugié en territoire indien avec d'autres camarades hors-la-loi, l'attraper ne sera donc pas une mince affaire...

Présenter True Grit doit être aussi utile que présenter les frères Coen. Chaque film réalisé par les deux frangins a su affirmer toujours plus leur style et leur savoir-faire, leur réputation n'est plus à faire. Leur mise en scène est reconnaissable entre mille, c'est une empreinte aux contours bien définis qui se trouve être le fil conducteur dans leur filmographie, et ceci est bien évidemment la marque des grands auteurs de ce monde. Même si à première vue True Grit semble issu de la mode hollywoodienne actuelle de l'adaptation à outrance (non seulement d'un roman mais aussi remake d'un film avec John Wayne dans le cas présent), Joel et Ethan ont su s'approprier l'essence de l'œuvre et la marquer de leur patte si particulière.


Il faut l'avouer, dans la forme, True Grit n'a rien de franchement original. L'histoire est assez classique pour le public actuel, et prend place à travers un genre qui ne trouve plus grâce à ses yeux depuis hélas bien longtemps. Encore une fois, c'est dans le talent de la mise en scène que les Coen impressionnent : on retrouve les ingrédients qui ont donné vie à leurs précédents films, à savoir de sacrés acteurs avec de sacrées gueules. Jeff Bridges, qui n'a plus rien à prouver niveau talent d'acteur, est tout bonnement énorme dans le rôle titre et qui plus est très bien épaulé, la jeune Hailee Steinfeld semble promise à un chouette avenir dans le milieu, Matt Damon casse son image en incarnant un Texas Ranger un peu paumé, et un peu boulet, tandis que Josh Brolin au demeurant rare à l'écran durant l'histoire offre une prestation réussie d'un brigand légèrement demeuré.


S'ajoutent à ce joli petit lot humour cynique et bêtise naïve au travers de dialogues finement menés, là aussi un trait de caractère bien connu de l'écurie Coen. Et que dire de l'envoutement offert par des décors naturels magnifiques et une musique exclusivement (il me semble) interprétée au piano (original pour un western, il faut le dire). Le rythme est lent, l'histoire prend le temps de se mettre en place, mais True Grit c'est ça, un western dans la plus pure tradition du genre, respectueux à la lettre de tous les codes qui ont su lui donner son identité, et pour le plaisir des amateurs, une véritable renaissance (même si cela peut être éphémère) du genre. A mes yeux, ça n'est pas aussi intense qu'un No Country for Old Men ou aussi jouissif qu'un Big Lebowski, mais True Grit a le mérite de nous donner le sourire et de nous envouter pendant 2h, en témoignant d'un véritable amour pour l'art de raconter une belle histoire.

"You must pay for everything in this world, one way and another."

vendredi 25 février 2011

Dog Pound


Dog Pound, Kim Chapiron, 2010.

J'ai toujours eu un faible pour les films détaillant le milieu carcéral, sans doute pour leur intention de dresser un portrait réaliste et donc dur d'un monde qui demeure inconnu pour ceux n'y ayant jamais séjourné, mais qui malgré cela fascine et terrifie l'homme par sa simple existence et la promesse de l'y inviter si jamais il fait un trop gros pet de travers. Il n'est pas simplement question de montrer à l'écran un enfer pur et simple, mais tout un système, une société de l'ombre séparée de l'humanité par des murs épais, avec ses propres règles, et bien sûr son injustice (si on peut employer ce mot ici) et sa violence omniprésente. Dog Pound suit logiquement ce schéma.


Nous sommes témoins des mésaventures de trois jeunes garçons de 15 à 17 ans, Butch, Angel et Davis, qui se retrouvent compagnons d'infortune dans le centre de détention pour mineurs d'Enola Vale, accusés de crimes divers selon l'individu, mais bien réels. La principale force du film est donc de nous représenter toute une jeunesse livrée à elle-même dans une fourrière aux règles impitoyables. Rien n'est laissé au hasard, le centre de détention est construit brique par brique pour les besoins du film, nombre de personnages secondaires et de figurants sont joués par des jeunes amateurs issus de la délinquance et certains sont d'ailleurs réellement connaisseurs du rôle de détenu, d'après certaines anecdotes l'acteur principal Adam Butcher (Butch) était d'ailleurs sacrément irascible et se retrouvait à plusieurs reprises en garde à vue pendant le tournage...


De quoi convaincre sur l'authenticité du jeu d'acteur. Adam Butcher est la véritable révélation du film, adolescent au regard fou, il semble habité par le rôle. Les autres ne sont pas en reste, tous de jeunes acteurs talentueux qui ne portent pourtant pas la mention "professionnels", en particulier ses deux acolytes Shane Kippel (Davis) et Mateo Morales (Angel). Les décors sont factices mais pourtant on ne doute pas une seule seconde d'être plongés avec eux au sein d'Enola Vale. On peut d'ailleurs saluer le travail photo qui met parfaitement l'accent sur de jolis jeux de couleurs, à la dominante bleue, ce qui allie habillement froideur et immersion. La bande sonore va également dans ce sens, avec de jolies balades dans un style un peu country, douces et mélancoliques.


En opposition, Dog Pound n'y va pas avec le dos de la cuillère question violence, lors de scènes particulièrement infernales qui en rebuteront plus d'un. Mais bon, il faut bien s'attendre à cela dans un film de ce genre, et sans jamais tomber dans la violence gratuite, Kim Chapiron filme avec justesse le parcours chaotique de personnages qui tentent, chacun à sa manière, de gagner sa place à Enola Vale, et surtout être un meneur et non une victime. Dog Pound est donc très bien rythmé, raconté de manière on-ne-peut-plus réaliste, construit autour d'archétypes mais non de clichés (rien de bien dérangeant en tout cas). Kim Chapiron (un frenchie, yeah!) est visiblement un réalisateur à suivre, son chef-d'œuvre ne trompe pas sur la marchandise, un film poignant, viscéral, beau et puissant, un film coup de poing jusqu'à la dernière image.

dimanche 13 février 2011

Black Swan


Black Swan, Darren Aronofsky, 2011.

Le New York City Ballet, sous la direction de l'acerbe Thomas Leroy, s'apprête à réaliser une nouvelle version du numéro du Lac des Cygnes. Parmi les prétendantes au rôle principal de l'œuvre assoiffées de gloire et de perfection que dirige Thomas se trouve la ravissante Nina, danseuse confirmée mue par son désir de réussite et de perfection au sein de la danse. Nina est prête à tout pour obtenir et jouer ce rôle, celui de toute une carrière, et pour cela elle ira jusqu'à se dépasser physiquement, comme mentalement.

Darren Aronofsky est donc le premier réalisateur à avoir l'honneur (heum) d'être cité deux fois sur mon blog. D'ailleurs, je pourrai presque recycler ma critique de The Wrestler, tant ses deux derniers films sont similaires sur de nombreux plans, dans la forme comme dans le fond. Mais je n'en ferai rien, car Black Swan dispose tout de même d'une identité particulière et choisit un tout autre visage que celui qu'arborait The Wrestler. On retrouve bien sûr le parcours d'une personne à la fois fortement affaiblie mais vivant uniquement de sa passion, aux liens complexes avec son entourage. La dégradation physique du personnage central est similaire donc, mais Aronofsky choisit ici de représenter une descente aux enfers à la folie enivrante et vraiment oppressante, pour Nina comme pour le spectateur, dans un milieu impitoyable où l'humanité se perd.


Black Swan s'apparente donc d'avantage à un thriller qu'à un drame, pour peu que l'on puisse réellement lui coller une étiquette. Sans trop vous en dévoiler, il se permet même des envolées fantastiques hypnotiques et intrigantes. Le film doit tout à la prestation incroyable de Natalie Portman, qui trouve certainement ici son meilleur rôle (?), et qui mérite bien les louages dont elle est baignée en ce moment, tant elle a su s'imprégner du personnage au point de se dépasser physiquement, et de danser de manière remarquable et magnifique aux yeux du spectateur (même si les professionnels semblent toujours trouver à redire là-dessus...). Black Swan est empreint d'une beauté poétique certaine, mais il envoute surtout par sa froideur inquiétante, et la dureté de son propos. Les personnages gravitant autour de Nina en sont témoins. Vincent Cassel est juste dans son rôle de dirigeant tyrannique et insondable, même si il demeure assez en retrait, voire éclipsé par l'imposant charisme d'une Natalie Portman qui pourtant semble si fragile et perdue alors qu'elle est censée rayonner en tant que danseuse confirmée et connaisseuse du milieu, abritant une noirceur intérieure prête à s'échapper. Mila Kunis apporte une touche importante d'érotisme et de mystère à l'oeuvre, et incarne un personnage tout aussi inaccessible et impossible à cerner que Thomas. Winona Ryder trouve parfaitement corps dans ce rôle d'étoile déchue avant l'heure, qui pourrait d'ailleurs être mis en parallèle avec la carrière de l'actrice...


La froideur de Black Swan vient donc d'une absence de sentiments forts et d'alchimie entre les différents protagonistes (tout le contraire de The Wrestler), et d'une manière d'allier des représentations poétiques avec une mise en scène viscérale, à la photographie dépouillée et à la caméra à l'épaule qui relève carrément du documentaire. Le tout assure une immersion totale, même si on garde une certaine distance par rapport aux personnages. On partage avec Nina cette angoisse, cette paranoïa et ce mal-être lié à la difficulté de ce qu'elle entreprend, et on éprouve une certaine empathie face à une pauvre fille dominée par une mère omniprésente et abusivement protectrice, un patron tout aussi despote et une rivale menaçante . Mais on reste au seuil entre l'abandon de soi dans une folie partagée avec Nina et l'œil figé d'un spectateur face à une représentation éblouissante, en particulier lors d'une final proprement grandiose. La partition de Clint Mansell est à ce titre, et une fois encore, magnifique et participe grandement à sublimer le film. Darren Aronofsky confirme son style si fort, si sombre et si maitrisé, et livre une fois encore un chef-d'œuvre qui mêle habillement les genres sans se cloisonner, à l'image du cygne blanc et noir, qui mêle beauté et attachement autant que liberté d'action sans compromis et perdition dans la noirceur de l'âme. A déconseiller tout de même, si vous êtes admirateurs de danse classique et désirez y faire carrière, tant le milieu est ici 'légèrement' dépeint de manière corrosive.

"The only person standing in your way is you."