Bienvenue bienveillant visiteur susceptible de me daigner un minimum d'attention le temps de quelques mots. Ce blog se résume à exprimer mon amour pour ce qui est certainement la plus grande de mes passions : le Cinéma. Cela se traduira ici par nombre d'avis et critiques évidemment très subjectifs et peu professionnels autour de films que j'aurai choisis. Le seul but de ce blog sera de partager avec vous mes goûts pour le septième art, et qui sait, peut-être vous faire découvrir de nouveaux horizons cinématographiques. Bonne toile !

dimanche 10 octobre 2010

Valhalla Rising


Valhalla Rising, Nicolas Winding Refn, 2010.

Dans les années 1000 en Europe nordique, One-Eye, guerrier silencieux, mène une vie d'esclave d'une barbarie sans nom depuis toujours. Un jour, délivré de ses chaines et ayant fraichement assouvi sa vengeance envers ses anciens propriétaires, il rencontre des pèlerins Chrétiens ayant pour but de rejoindre leur terre sacrée, Jérusalem. One-Eye, accompagné de sa seule attache, un enfant à la recherche d'un foyer, décide de partager leur route. Ce voyage censé les amener en lieu saint va, hélas pour eux, plutôt s'apparenter à une descente aux enfers...

Mars 2010, je sors d'une salle de cinéma après la projection de Valhalla Rising, vu un peu par curiosité, et Odin sait que ce fut difficile vu le peu de bobines disponibles en France (merci les distributeurs français...). Bref, m'attendant à quelque chose de fortement original de la part du réalisateur de la trilogie Pusher, je dois tout de même avouer ne pas avoir réussi à me faire une idée précise du film après son visionnage. Valhalla Rising se doit d'être abordé avec une approche toute particulière, tant il touche du doigt l'expérimental. Nicolas Winding Refn affirme lui-même que son film se ressent comme une drogue, référence sans doute à son aspect "transe" omniprésent (mais je vous rassure il n'y a pas d'effets secondaires). Ce qui le caractérise en premier lieu, c'est son rythme d'une lenteur ensorcelante. Ne vous attendez donc pas à un film de Vikings bien bourrin transpirant la bataille épique d'un bout à l'autre, comme le laisse supposer la campagne publicitaire autour du DVD. Non, l'épopée de One-Eye se suit sous une certaine pression, un sentiment constant de lourdeur ambiante (mais différent de celui que l'on peut ressentir devant un Western) et une atmosphère apocalyptique assommante. C'est ce point qui m'avait quelque peu rebuté au départ.


Mais il faut avouer que le climat de l'œuvre sert à merveille son propos. Visuellement, Valhalla Rising atteint la félicité, une extase qu'il envoie en pleines mirettes chez le spectateur. Les paysages d'Écosse sont sublimés de telle manière qu'on en viendrait à trouver les mêmes bien moins enchanteurs dans la réalité. Le jeu d'acteur fait preuve d'une théâtralité sobrement efficace, impressionnante chez un héros muet et des protagonistes fanatiques. Les gestes sont parfaitement mesurés, les poses très esthétisées, à tel point que nombre de plans s'apparentent à de véritables portraits. L'histoire est un prétexte, car le film se bâtit essentiellement sur une identité visuelle puissante qui vaut à elle seule le détour, appuyée par un énorme travail sur le son qui offre une ambiance sonore servant elle aussi la transe engendrée par le film. Chaque plan ou presque est magnifique, il faut le dire, et les compositions "musicales" sont d'une oppression étrangement captivante. Cette histoire est quant à elle fortement imagée, et fourmillante d'interprétations possibles dans l'esprit du spectateur, que Nicolas Winding Refn ne semble pas renier.


Mads Mikkelsen, proprement Badass sans prononcer le moindre mot, porte sans problème le film sur ses épaules. Il se retrouve rapidement à errer sans but malgré une liberté fraichement obtenue, mais la rencontre avec ces fanatiques religieux voulant étendre leur croyance comme une épidémie va lui offrir une nouvelle quête, une sorte pèlerinage, dans une version alternative, et la recherche de ses racines. Son jeune compagnon Are, enfant perdu dans un monde bati par le sang et la chair morte, et privé de son innocence, apporte une once de poésie touchante, et une lueur d'humanité à ce personnage de barbare sans état d'âme apparent autre que la haine. Le couple fonctionne parfaitement à l'écran. Valhalla Rising est une fresque subjuguante sur la foi et la folie humaine, fortement liées l'une à l'autre. Le tout baigne dans une noirceur et une violence sans timidité aucune, mais d'une classe visuelle jouissive. Le film s'apparente à une bande dessinée qui prend vie à travers les actes des personnages et non leur dialogues, peu présents durant l'œuvre. Effectivement, si vous vous sentez prêt à vivre l'expérience et si vous vous laissez porter, Valhalla Rising est la drogue parfaite, à consommer sans modération.

"L'enfant a dit qu'il venait des enfers... C'est peut-être là que nous allons."

dimanche 3 octobre 2010

Morse


Morse (Let the Right One in), Tomas Alfredson, 2008.

Banlieue de Stockolm, Oskar, jeune garçon marginal, renfermé et victime de nombreux sévices de la part de ses camarades de classe, fantasme seul sur la possibilité de se venger de ses tortionnaires, sans jamais oser passer à l'acte. Eli, jeune fille froide et mystérieuse fraichement arrivée en ville devient la nouvelle voisine d'Oskar. Une curieuse complicité nait rapidement entre les deux enfants, et ce malgré le fait qu'Oskar ne tarde pas à découvrir qu'Eli est responsable de nombreuses morts sanglantes dans les environs, dues à sa condition de Vampire...

Un générique d'ouverture sans bruit aucun, puis le noir laisse doucement place à une nuit enneigée, aussi silencieuse qu'hypnotique. Morse démarre fort, on le sent, et pourtant il n'a pas émis le moindre son. Le reste du film sera du même tonneau, avec en plus de ça la découverte d'un conte magnifique porté par deux jeunes acteurs éblouissants de par leur talent. Kare Hedebrant et Lina Leandersson, même pas encore 15 ans, sont d'une justesse ahurissante, qui force le respect compte tenu de la noirceur et de la dureté des thèmes abordés dans le film. Morse n'est pas seulement une sombre romance, il mélange habillement les genres pour finalement éviter de s'inscrire dans l'un deux en particulier.


Le résultat n'en est que plus captivant. Ainsi, vous n'y verrez pas de scènes d'horreur pures ou d'amourettes mielleuses (malgré quelques codes bien classiques mais ô combien sympathiques), mais le portrait finement exécuté de deux âmes-sœurs qui ont besoin l'une de l'autre pour des raisons plus complexes qu'on ne veuille bien le laisser paraitre. Je m'abstiendrai de vous dévoiler (et gâcher) l'intrigue, mais le film est si riche de sens que chacun peut l'interpréter de diverses façons, avec comme je l'ai dit plus haut, des thèmes "sous-jacents" qui comme leur nom l'indique n'apparaissent pas forcément à l'esprit du spectateur lors du premier visionnage. Sur ce point, le roman à l'origine du film est beaucoup plus explicite d'ailleurs.


L'histoire a donc une réelle complexité, une consistance en béton armé, servie par une mise en scène sobre mais envoutante grâce à une gestion parfaite du son et une composition minutieuse du décor et de ses occupants dans chaque plan, à tel point qu'on entre en plein rêve et qu'on meure d'envie de rejoindre l'action qui se déroule devant nous. Le rythme est assez particulier, ce qui j'imagine restreint pas mal son accès au grand public (en plus de la noirceur du récit). Une certaine lenteur s'empare de l'action, même si l'on savoure nombre d'envolées fulgurantes dans l'évolution du film. Mais l'ambiance a un tel impact sur les tripes que si l'on prend la peine de s'y immerger, Morse apparait à nos yeux comme un bien trop court voyage onirique bercé d'hémoglobine et de sentiments intenses réellement palpables, au delà de la froideur d'un Vampire. Oubliez cette merde de Twilight (que j'ai honte d'évoquer dans cet article), et prenez la peine d'assister à une véritable histoire d'amour de démons aux longues canines, si ce n'est pas encore fait (je vous vends du rêve là).

''-Oskar... Do you like me?
-Yeah, a lot.
-If I wasn't a girl... would you like me anyway?
-I suppose so"