Morse (Let the Right One in), Tomas Alfredson, 2008.
Banlieue de Stockolm, Oskar, jeune garçon marginal, renfermé et victime de nombreux sévices de la part de ses camarades de classe, fantasme seul sur la possibilité de se venger de ses tortionnaires, sans jamais oser passer à l'acte. Eli, jeune fille froide et mystérieuse fraichement arrivée en ville devient la nouvelle voisine d'Oskar. Une curieuse complicité nait rapidement entre les deux enfants, et ce malgré le fait qu'Oskar ne tarde pas à découvrir qu'Eli est responsable de nombreuses morts sanglantes dans les environs, dues à sa condition de Vampire...
Un générique d'ouverture sans bruit aucun, puis le noir laisse doucement place à une nuit enneigée, aussi silencieuse qu'hypnotique. Morse démarre fort, on le sent, et pourtant il n'a pas émis le moindre son. Le reste du film sera du même tonneau, avec en plus de ça la découverte d'un conte magnifique porté par deux jeunes acteurs éblouissants de par leur talent. Kare Hedebrant et Lina Leandersson, même pas encore 15 ans, sont d'une justesse ahurissante, qui force le respect compte tenu de la noirceur et de la dureté des thèmes abordés dans le film. Morse n'est pas seulement une sombre romance, il mélange habillement les genres pour finalement éviter de s'inscrire dans l'un deux en particulier.
Le résultat n'en est que plus captivant. Ainsi, vous n'y verrez pas de scènes d'horreur pures ou d'amourettes mielleuses (malgré quelques codes bien classiques mais ô combien sympathiques), mais le portrait finement exécuté de deux âmes-sœurs qui ont besoin l'une de l'autre pour des raisons plus complexes qu'on ne veuille bien le laisser paraitre. Je m'abstiendrai de vous dévoiler (et gâcher) l'intrigue, mais le film est si riche de sens que chacun peut l'interpréter de diverses façons, avec comme je l'ai dit plus haut, des thèmes "sous-jacents" qui comme leur nom l'indique n'apparaissent pas forcément à l'esprit du spectateur lors du premier visionnage. Sur ce point, le roman à l'origine du film est beaucoup plus explicite d'ailleurs.
L'histoire a donc une réelle complexité, une consistance en béton armé, servie par une mise en scène sobre mais envoutante grâce à une gestion parfaite du son et une composition minutieuse du décor et de ses occupants dans chaque plan, à tel point qu'on entre en plein rêve et qu'on meure d'envie de rejoindre l'action qui se déroule devant nous. Le rythme est assez particulier, ce qui j'imagine restreint pas mal son accès au grand public (en plus de la noirceur du récit). Une certaine lenteur s'empare de l'action, même si l'on savoure nombre d'envolées fulgurantes dans l'évolution du film. Mais l'ambiance a un tel impact sur les tripes que si l'on prend la peine de s'y immerger, Morse apparait à nos yeux comme un bien trop court voyage onirique bercé d'hémoglobine et de sentiments intenses réellement palpables, au delà de la froideur d'un Vampire. Oubliez cette merde de Twilight (que j'ai honte d'évoquer dans cet article), et prenez la peine d'assister à une véritable histoire d'amour de démons aux longues canines, si ce n'est pas encore fait (je vous vends du rêve là).
''-Oskar... Do you like me?
-Yeah, a lot.
-If I wasn't a girl... would you like me anyway?
-I suppose so"
-Yeah, a lot.
-If I wasn't a girl... would you like me anyway?
-I suppose so"
Ce film est magnifique, d'une poèsie rare et foudroyante. Il continue de nous hanter des heures durant même après la fin. Nous nous surprenons a faire des suppositions, toutes plus extraordinaires les unes que les autres. Il est terrible.
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